Alerte rouge au Paris Basket, en chute libre en Euroleague

Nadir Hifi et Paris au fond du trou.
Nadir Hifi et Paris au fond du trou.Photo par MAXIM KONANKOV NURPHOTO NURPHOTO VIA AFP

Après avoir perdu neuf de ses dix derniers matchs en Euroleague, le Paris Basket doit revoir ses ambitions à la baisse sur le plan continental. L'euphorie de la saison passée laisse place à la réalité du terrain.

La saison dernière marquait la toute première apparition du Paris Basket en Euroleague. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle fut brillante. Une qualification pour les quarts de finale, n'étant battu que par le futur champion, le Fenerbahçe. Avec en prime, une série mirifique de dix victoires d'affilée au cœur de la phase régulière. 

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Un billet pour les quarts acquis grâce à une victoire en play-in sur le parquet du Real Madrid en avril. Huit mois plus tard, les Parisiens retrouvent ce soir la Movistar Arena. Mais tout a changé, entre les départs, les méformes, et, bien évidemment, les performances, qui sont à l'opposé de celles de la saison dernière. 

Les voyants au rouge

Mardi soir, sur son parquet, Paris s'est incliné contre Barcelone, 69-85. C'est bien simple, après avoir gagné quatre de ses six premiers matchs de la saison en Euroleague, le club de la capitale vient de perdre neuf des dix suivants ! Une sacrée mauvaise passe, mais parfois, la manière gêne plus que le résultat. 

Dans ce match contre le Barça, Paris n'a tout simplement jamais existé. 30-13 à la fin du premier quart, 52-29 à la pause, une réussite au tir abyssale (6/22 à trois points) : pris d'entrée à la gorge, jamais les champions de France ne seront rentrés dans leur match. Le problème, c'est que cela fait beaucoup de défaites embarrassantes en peu de temps.

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Voilà deux semaines, Paris a connu une défaite historique, sur le parquet d'un autre prétendant au titre : Monaco. Historique, parce qu'à cette occasion, le club de la capitale est devenu l'équipe qui a encaissé le plus de points en un seul match dans l'histoire de l'Euroleague : 125 ! Ainsi, à l'instant T, Paris possède tout simplement la pire défense de la compétition, avec 92,68 points encaissés par rencontre. 

Et dans le même temps, Paris est la meilleure attaque d'Euroleague (ex aequo avec Valence) avec 89,93 points marqués par rencontre. Voilà pour les calculs élémentaires, mais cette attaque, qui n'a mis que 69 points contre le Barça, est elle aussi en berne, alors que Paris possède en Nadir Hifi le meilleur marqueur de la compétition, avec 20.5 points par rencontre.

Les mots ne sont pas vraiment dits

Et au micro de La Chaîne L'Équipe, la star du Paris Basket n'a pas mâché ses mots après la déroute. "On n’a pas existé, même pas pendant cinq minutes. On n’a pas su emmener la salle avec nous, faire des runs, essayer de se rapprocher. On ne leur a même pas fait peur. Il y a des choses à changer, des choses qu’on doit faire mieux : chacun doit se regarder dans la glace. Si l’on veut exister dans cette EuroLeague, il faut que l’on soit bien meilleurs. On a vu la saison dernière à quel point c’était dur et ça l’est encore plus cette année. Il faut que chacun élève son niveau et on ne peut que faire mieux."

Ce genre de déclaration est à double tranchant, comme chacun le sait. Le risque est de mettre le feu dans le vestiaire en accusant des joueurs sans les nommer. Mais avec la chute vertigineuse de standing depuis l'an dernier, il faut un électrochoc pour relancer la machine. Néanmoins, quand c'est fait avec maladresse, l'effet est souvent limité. Et ce n'est pas le discours de leur coach Francesco Tabellini (toujours sur le groupe L'Équipe) qui va le provoquer. 

"On fait des efforts mais dans les dernières secondes, on donne un rebond offensif ou un un-contre-un au cercle. C'est très frustrant : si vous défendez bien pendant 20 secondes, vous devez finir le travail. Après la mi-temps, on est revenus avec une meilleure attitude mais on n'a pas réussi à revenir à moins de 10 points contre une équipe très expérimentée, qui ne va pas paniquer au moindre run. L'Euroligue est une compétition très exigeante, les adversaires tous très relevés. Mais je crois que l'équipe a beaucoup de potentiel, j'ai confiance en mes joueurs, ils seront capables de chasser cette mauvaise énergie, de retrouver du momentum."

Dans le genre mièvre, on fait difficilement mieux. La greffe de l'Italien ne semble pas avoir pris. Et si sur le plan national, Paris n'est pas en difficulté, puisque deuxième de la BetClic Élite, la réalité des chiffres est cruelle sur le plan européen : le club de la capitale est avant-dernier de l'Euroleague

Où va le projet ?

Est-ce vraiment étonnant, finalement ? Paris a perdu une grande partie de l'essence de ses magnifiques performances de la saison passée. Son MVP T.J Shorts est parti cirer le banc au Panathinaïkos, pendant que les autres artisans sont tous allés vérifier si l'herbe était plus verte ailleurs. Kevarrius Hayes à Monaco, Tyson Ward à l'Olympiakos, et on en passe. 

La fin d'une époque, le début d'une autre. Pourtant, quelque chose interpelle forcément. L'équipe est indiscutablement moins forte que la saison passée, ce qui paraissait évident avant même le début de la saison. Les recrues, dans leur ensemble, n'étaient guère ronflantes, hormis l'ancien NBAer Lamar Stevens et Amath M'Baye. Pourtant, selon les données de la LNB, la masse salariale frôle les 8 millions d'euros par an, et surtout, elle a augmenté de 42 % par rapport à la saison dernière

La plus grosse augmentation pour Paris.
La plus grosse augmentation pour Paris.LNB

Le début de la fin ? Difficile de croire que la situation sera la même la saison prochaine. Certes, un renversement est toujours possible, et nous ne sommes même pas à mi-parcours de la phase régulière d'Euroleague. Néanmoins, la dynamique, les paroles, les résultats, les chiffres : tout pointe vers une explosion prochaine. Et si cela arrive, on se demandera comment un projet si prometteur a pu en arriver là. À moins que tout cela n'ait à voir avec la création prochaine de NBA Europe…